La ligne Maginot

Conception

Les raisons qui ont conduit à la conception puis à la réalisation de cet ensemble sont multiples et d’ordres bien différents :

  • Éviter une attaque surprise et donner l’alerte.
  • Couvrir la mobilisation de l’armée française (qui prenait entre 2 et 3 semaines).
  • Compenser les classes creuses de 14-18 en étant opérationnelle dès 1934.
  • Économiser les forces (la France comptait 39 millions d’habitants, l’Allemagne 70).
  • Protéger l’Alsace et la Lorraine (revenues à la France en 1918) et leur bassin industriel.
  • Servir de base à une contre-offensive.
  • Pousser l’ennemi à la contourner en passant par la Suisse ou la Belgique.

Dès le début des années 20, le Haut-Commandement français, entama l’étude d’une forme nouvelle de fortification.
De véhémentes discussions mettant aux prises les grands chefs de l’époque, FOCH, PETAIN, JOFFRE, opposèrent diverses conceptions jusqu’en 1925.

En novembre 1926, la C.D.F., (Commission de Défense des Frontières) chargée de poser les grands principes, d’arrêter les formes techniques, de déterminer le tracé général et la nature des organisations à créer, présente un rapport capital proposant :

  • 3 régions fortifiées » : METZ, LAUTER, BELFORT, réalisées en fortification permanente,
  • des positions de barrage à 30 km en arrière destinées à donner de la profondeur au système défensif,
  • un type de fortification permanente aussi moderne que possible.

En 1927 est créée la COMMISSION D’ORGANISATION DES REGIONS FORTIFIEES, la C.O.R.F., qui sera véritablement l’organe constructeur de la Ligne Maginot.

Au début de 1929, Painlevé, Ministre de la Guerre, fait approuver, en Conseil des ministres, l’organisation défensive proposée par la C.O.R.F. et, à la fin de 1929, passe son ministère à André MAGINOT. Le nouveau ministre présente le programme à la Chambre des Députés quelques jours après avoir pris ses fonctions et le fait voter à main levée. Le Sénat examine immédiatement cette loi et l’adopte avec une majorité supérieure à 90 % des voix. (loi-programme accordant un crédit de 2.900 millions sur 5 ans pour la défense des frontières terrestres)

Organisation


Plus qu’une simple organisation linéaire, la Ligne Maginot comporte, depuis la frontière jusqu’à l’arrière soit sur une profondeur de 20 à 25 km, un ensemble de structures d’alerte, de résistance, de combat et de soutien, ainsi que diverses organisations d’infrastructure.

Depuis la frontière jusqu’aux arrières, on rencontre successivement :

  • LES POSTES-FRONTIERE, blockhaus souvent camouflés en inoffensives demeures (maisons fortes), destinés à donner l’alerte en cas d’attaque brusquée, à fermer les barrages antichars et à provoquer les destructions à l’explosif aptes à retarder l’ennemi.
  • Environ 5 kilomètres en arrière de la frontière, UNE LIGNE DE POINTS D’APPUI ET D’AVANT-POSTES, blockhaus antichars devant opposer une première résistance tout en permettant aux équipages des ouvrages C.O.R.F. d’être prêts à leurs postes de combat.
  • A 10 kilomètres de la frontière, on se heurte à la LIGNE PRINCIPALE DE RESISTANCE précédée d’un obstacle antichar, un champ de rails plantés verticalement suivi d’un obstacle anti-personnel fait de réseaux de fil de fer barbelé. Elle est composée de casemates d’infanterie, petits ouvrages d’infanterie et gros ouvrages d’artillerie. On trouve aussi des observatoires implantés sur les hauteurs et des abris d’intervalles pour l’infanterie de soutien. Certaines cuvettes ou cours d’eau sont aménagées en zone inondable.
  • Derrière cette ligne principale se trouvent les CAMPS pour la troupe et les cadres des équipages, les DÉPOTS de munitions et de matériel du génie ainsi que des emplacements pour l’artillerie lourde sur voie ferrée. Les gros ouvrages d’artillerie sont reliés aux dépôts par une voie ferrée de 0.60 avec matériel ferroviaire spécifique.

Par ailleurs, les Services Techniques du Génie vont, un peu plus tard, dans un but de coordination, établir des types de casemates de plus en plus allégées pour couvrir les zones où la C.O.R.F. n’a pas oeuvré.
Les économies seront réalisées au détriment de la qualité.

Réalisation

Au cours des 7 premières années (1930-36), la progression des travaux sera la suivante :
1930 : construction des premiers ouvrages simples (casemates, abris), étude des ouvrages plus importants.
1931 : construction des parties souterraines des ouvrages plus importants.
1932 : construction des blocs bétonnés des gros ouvrages, mise en fabrication des équipements (cuirassements, armements, etc…).
1933 : achèvement du gros œuvre des ouvrages et début de la mise en place des armements.
1934 : équipement intérieur des ouvrages (installations électriques, monte-charge, ventilation, transmissions, …), construction de camps et casernements de sûreté.
1935 : poursuite des installations intérieures, organisations extérieures (obstacles antichars), début des travaux de prolongement de la Ligne Maginot.
1936 : achèvement des travaux intérieurs et extérieurs. Poursuite des travaux sur les prolongements.

Construction du fort de Monte Grosso dans les Alpes-Maritimes en 1935.

En 1936, l’essentiel de la « Muraille de France » est terminé. Les travaux se poursuivront toutefois jusqu’en 1940 qui sera surtout l’ère des « petits bétons ».

En 1934, la situation politique va entraîner une reprise des activités de la C.O.R.F. pour protéger le plateau Sarrois, la tête de pont de Montmédy et la région de Maubeuge face à la Belgique. Mais cette reprise se fera pratiquement sans artillerie (il n’y a que deux malheureuses tourelles de 75 sur la tête de pont de Montmédy).
A partir de 1935, les constructions vont se multiplier pour essayer de couvrir toute la frontière. Mais elles sont le fait des généraux commandant les régions militaires qui ont reçu l’ordre de lancer un programme de construction qui ne s’achèvera qu’avec l’armistice de 1940. Les blockhaus sont alors de formes et de protection (épaisseur du béton) diverses et ne recevront généralement pas les armatures métalliques nécessaires.

En mai-juin 1940 au moment de l’offensive des troupes de la Wehrmacht, les Allemands ne manquèrent pas d’exploiter ces faiblesses. La frontière franco-belge de Dunkerque à Sedan, les secteurs non fortifiés jusqu’alors, les intervalles des ouvrages C.O.R.F. et même la frontière du Jura face à la Suisse se sont vus couvrir d’une multitude (plusieurs milliers) de petits blockhaus, peu solides et sans valeur défensive.

Mais dès qu’ils abordent un secteur protégé par l’artillerie des ouvrages, les Allemands essuient de graves échecs comme c’est le cas à Oberroedern où les casemates étaient couvertes par l’artillerie de l’ouvrage du Schoenenbourg.

Lorsque l’armistice survient, le 25 juin 1940, l’essentiel de la Ligne Maginot (22.000 hommes) tient toujours. Sur ordre formel du Haut Commandement français, les équipages n’accepteront d’évacuer les ouvrages que le 1er juillet.

Liens

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